La démission de Mme Mullier de son poste de maire a été annoncée par la diffusion d’une « lettre du maire » le 20 avril. Cette méthode révèle beaucoup sur l’état et le fonctionnement de notre ville. Le 14 avril, Mme Mullier n’était présente ni à la réunion du conseil municipal ni au conseil de la Métropole Européenne de Lille qui se tenait le même jour. Aucune mention ce jour-là d’une démission qui semblait pourtant déjà actée…
Dans la lettre que vous avez reçue, financée par l’argent public, Madame le Maire s’adonne à une longue déclaration d’amour envers sa propre personne, exprimant une fierté décomplexée et livrant une vision toute personnelle de ses soutiens et de ses opposants. Madame Mullier expose ouvertement sa conception d’une administration autocentrée et fait l’éloge de l’immobilisme. Elle ne craint pas de présenter publiquement les élus qui ont travaillé à ses côtés comme de simples accompagnateurs, se pliant à sa direction en tant que « chef d’orchestre ».
Elle répète inlassablement la formule incantatoire d’une ville « où il fait bon vivre », censée représenter un bilan exceptionnel, indépassable, une « Oasis » entourée de béton. (Les riverains du site RMN et les innombrables foyers survolés de près par les avions apprécieront la métaphore !)
Même au moment de son départ, Madame le Maire ne peut s’empêcher de nous adresser des propos offensants, en invoquant une situation de « harcèlement » (un scénario où 19 élus de la majorité seraient mis à mal par 4 élus dépourvus de pouvoirs décisionnels et devant faire face à d’innombrables irrégularités de fonctionnement). Cette lettre témoigne d’un état d’esprit à la fois agressif et paranoïaque, traduisant un syndrome de persécution qui transforme toute demande adressée aux élus en une forme de violence. Non contente de s’ériger en sainte, voilà que notre maire se décrit en martyr !
Nous regrettons que Mme le Maire n’ait pas choisi comme slogan politique une autre citation d’Albert Camus : « La démocratie, ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité ». Le climat au sein du Conseil municipal aurait sans doute gagné en sérénité.
En tant qu’élus qui s’opposent au culte de la personnalité, nous sommes attachés à la qualité et la sérénité des débats. Nous accomplissons nos mandats avec méthode et détermination, mais aussi avec la cordialité nécessaire au sein du débat républicain. Malheureusement, cette « lettre du Maire » n’affiche pas le même sens du respect..
Il nous semble pertinent de poser des questions sur les raisons et le moment de la démission de Mme le Maire. En effet, elle ne justifie son départ que par une volonté de consacrer plus de temps à sa famille. Bien que cela soit tout à fait compréhensible et légitime, on peut se demander si, avec ses 30 ans d’expérience en tant que maire, elle n’aurait pas dû être consciente des exigences et de l’engagement requis lorsqu’elle s’est présentée aux élections municipales de 2020 pour un nouveau mandat de 6 ans.
En outre, Le Tribunal administratif a envoyé à la commune une injonction en janvier dernier, l’enjoignant à instruire la demande de permis de construire dans le cadre de l’extension de l’aéroport. Mme le Maire avait la possibilité de démissionner à ce moment-là pour protester contre cette injonction, ce qui aurait eu un fort impact symbolique pour signifier que la commune de Fretin n’est pas favorable à cette extension, au lieu de signer l’autorisation de construire.
Mme le Maire a tenu à souligner que son départ précipité ne constitue en aucun cas un abandon. Cependant, certains pourraient percevoir cette décision comme une fuite, notamment en raison des dissensions récentes avec l’un de ses colistiers, qui s’est exprimé auprès du conseil municipal et d’une partie du personnel sur les dysfonctionnements préoccupants de notre commune. La démission de Mme le Maire serait-elle liée à cette prise de parole ?
Enfin, Madame le Maire ne fournit aucun élément d’information sur la suite des événements.
Qui prendra la relève ? Quelles sont les modalités pratiques dans une telle circonstance ? Restera-t-elle conseillère municipale et conseillère communautaire ?
Dans un souci d’œuvrer pour le bien-être de tous les habitants, nous proposons régulièrement des idées qui sont presque toutes rejetées par la majorité. C’est pourquoi nous sommes préoccupés quant à l’avenir de notre commune.
Mais nous sommes déterminés à rester vigilants et à proposer des solutions et des perspectives pour notre ville, en collaboration avec tous ceux qui partagent notre vision pour construire un avenir meilleur. Nous aspirons à faire de notre ville un lieu de vie agréable en promouvant la dynamique culturelle, le développement durable dans tous les domaines de la politique locale, le renforcement du tissu associatif, l’amélioration de l’offre commerciale sur son territoire, l’implication des habitants dans la réflexion avec les élus, le respect des droits de l’opposition et la transparence dans le débat public…
En conclusion, malgré nos divergences d’opinions, nous tenons à saluer Mme le Maire pour ses 40 années de service dédiées à notre ville et à lui souhaiter sincèrement une retraite heureuse et épanouissante.